A 10 ans, elle a des complications pulmonaires (coqueluche, rougeole). Une nuit, elle se sent étouffer sous les quintes de toux. Mais elle expérimente la présence d’un être supérieur très bon, à qui elle fait un vœu : « Si tu t’occupes de moi, je me ferais catholique quand je serai grande. Je te donnerai ma vie ».
Adolescente, elle s’inscrit à des cours à la Croix Rouge, pensant que çà peut rendre service. C’est l’époque où l’on fait la chasse aux Juifs. Dans le formulaire à remplir pour avoir le diplôme d’état, elle s’apprête à mettre « sans religion ». Sa mère lui dit « Pour les Juifs, il faut remonter à 5 générations pour être juif et pour nous, si l’on remonte à 5 générations, on était catholique, tu peux donc mettre « catholique » sinon tu risques de te retrouver dans un camp de concentration. Va voir ta directrice et demande-lui conseil. Elle saute sur sa bicyclette et sa directrice lui dit : Mettez catholique, mais continuez à vivre comme vous en avez l’habitude.
Un jour, elle me dit : Est-ce que vous savez ce que c’est que la religion catholique ? Ecoutez ! Ça serait quand même bien que vous sachiez, non pas pour vous convertir, mais pour que vous sachiez ce que pensent les autres.
J’ai trouvé ça intelligent et j’ai commencé ma recherche près du curé de la paroisse qui était trop occupé et qui m’a envoyée chez une religieuse qui faisait la catéchèse aux adultes. Elle m’a posé la question : « Quelles sont les objections que vous voudriez éclaircir ? Je lui ai dit que la mère de mon amie disait qu’il avait suffi de 8 jours pour créer le ciel et la terre. Elle m’a expliqué alors que ça veut dire que la création s’est faite par paliers. Cette éducation religieuse s’est bien passée et je me suis convertie. J’ai été baptisée le jour de mes 21 ans.
- Quelle a été la réaction de ta famille qui était athée ?
- Eh bien tu vois, dans la famille, on avait l’idée d’une grande liberté. Alors bien sûr, sur le moment ils ont fait la grimace. Mais ça a été accepté, ça faisait partie du jeu. On était une famille ouverte qui m’a dit : « Suis ton autre chemin ».
J’avais perdu mon papa quand j’avais 5 ans. Après, plus tard, ma mère s’est remariée. J’avais un beau-père en or. Je l’aimais et c’était bien réciproque. Il disait en parlant de moi : un horticulteur ferait ce qu’elle fait, ça ne pousserait pas, mais parce que c’est elle, eh bien ça pousse !
Quand il est mort, j’avais 16 ans. Alors je peux te dire que c’était le désespoir. Là, il m’a fallu du temps pour m’en remettre. C’est au bout de 6 mois seulement que ma mère qui était revenue du marché et avait vu quelque chose de très, très drôle me l’a raconté. Alors ça m’a fait rire. Alors, tu comprends tous mes muscles du rire qui n’avaient pas travaillé pendant 6 mois, ils n’étaient pas contents, alors ça s’est terminé un peu en grimaces et ma mère qui avait un très heureux caractère m’a dit : Ecoute, ris, ris ! Tu sais, s’il était là, il serait le premier à nous dire : « mais riez ! »
- Comment tu as découvert les Sœurs Blanches ?
- Après ma conversion, j’ai voulu rentrer chez les SB. Elles m’ont dit qu’il fallait que j’attende. Et pour attendre, elles m’ont envoyée à Alger, faire mes études d’assistante sociale. Elles y avaient une clinique avec une école d’infirmières, d’assistante sociale et d’aide-soignante.
- Au postulat, tu sais il y en avait une, je crois qu’elle faisait tout ce qu’elle pouvait pour me faire partir. La maîtresse me disait : Ça va, continuez. Ne perdez pas courage, quand vous arriverez au noviciat, tout s’éclairera.
Il fallait vraiment que le Seigneur me veuille là ! Il nous envoie les personnes qu’il faut au moment où il faut. C’est ce que je crois vraiment et profondément.